En construction mes textes ne sont pas encore tous là

Toutes les proses et les nouvelles

Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être. Goethe

Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être. Goethe
Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être. Goethe

jeudi

La rose blanche ...


Sur le bord d’un minuscule balcon, délimité par un garde-corps en fonte, isolé sur une façade de style art-nouveau,  la vie s'effrite sous l'oxydation et les pluies acides qui se déversent depuis longtemps sur l'immeuble. Comme la coupelle ébréchée en porcelaine mauve posée et remplie de graines pour les pigeons, les seuls visiteurs sur cet ilôt perdu au milieu d'une masse assourdissante d’inconnus.
Au centre un pot en terre cuite de chez Ravel, le dernier cadeau de son défunt fils. Vieilli par la crasse volubile et par le calcaire dû à un arrosage intensif, le pot est calé contre le cadre de la fenêtre en bois écaillé de larmes blanches. 

Au centre de cette poterie une fleur se meurt sans sentiment sans haleine, serait-ce une rose? 
C’est son unique champ de vision, elle qui aimait tant se perdre dans la nature, aujourd'hui condamnée à perpétuité entre des carreaux sales et une grille rouillée.
C’est dans les livres de sa modeste bibliothèque, qu'elle cisèle des bouts de vers à l’endroit à l’envers pour se distraire.

A partir de ce vide opaque, échappera-t-elle à l’air pollué du temps qui s'écoule sans bouger?
Au fur à mesure pour tuer le temps mort, de pâles ou de belles éclaboussures aveuglent ou réaniment son âme, ses souvenirs renaissent dans son jardin d'enfants, où milles fleurs fleurissaient en cœur à chaque printemps et s’endormaient à chaque automne sans nostalgie. La neige parfois recouvrait le sol d’un tapis ouaté translucide où elle rêvait encore d’observer la vie.

Ces étincelles sans importances lui frappent la rétine chaque jour un peu plus, ses yeux gris où la couleur a fini par se délaver et, seule penchée à la fenêtre, elle fixe obstinément son pot de fleur à la rose blanche.
Ce vase sans empire pour le meilleur et le pire a vu toute cette fin de vie s’échouer comme un poisson sur une plage en train de sècher au soleil après une tempête sans que personne le remette à l’eau. Hurlerait-elle dans le noir son ennui, personne ne l'entend, le monde est devenu sourd. Seule, la rose blanche reste fidèle.

Il est vingt heures ce soir, les cloches sonnent le glas, le soleil s’est couché sur la coupelle et le pot en terre cuite, la rose blanche se referme, laissant ses dernières gouttes du temps sur le visage stoïque de Rosa ,et puis la dame du balcon à la rose blanche s'efface pour rejoindre les traces de son fils.

Elle repose désormais sous son pot Ravel déposé sur sa coupelle en porcelaine couronnée de cette fameuse rose blanche en plastique...
Vivant, ne laissons nous pas grignoter par la mort !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire